"Exploration dans les gorges du Verdon"
Compte-rendu de la semaine du 17 au 24 avril 2011
Participants : Olivier et Dominique COURTOIS, Paul, Christine et Martin KERN, Charles KLEIN, accompagnés en journée par Alain Jamin, « le grimpeur »
Dimanche 17:
Après 9 heures d’autoroute, une escale crêpes/pizzas à Moustiers, quelques kilomètres supplémentaires de chemins de terre et de cailloux, nous arrivons aux « Chauvets » au beau milieu de la nuit, des sangliers, des chevreuils et des lapins. Nous nous installons (ou essayons car ce n’est pas avec une lampe frontale sur la tête que l’on y voit très clair) puis c’est dodo. Pour la Skoda qui a beaucoup peiné, c’est aussi repos (panne de ventilateur, surchauffe, réparation de fortune, merci Olivier)
Lundi 18:
Petit déjeuner à 8 heures et demie sous le soleil et un petit vent frais (6°). Nous découvrons le cabanon et le chalet situés dans un site magnifique, sauvage et grandiose. La matinée est consacrée à l’installation des affaires et à l’approvisionnement en eau, puisée dans la rivière.
A midi, nous casse-croûtons avec les restes de la veille (eh ben non, on n’a pas eu le temps de cuisiner !).
A 14 heures, nous partons pour voir un porche qu’Olivier avait repéré l’an dernier.
Nous allons en voiture jusqu’au belvédère de Samson, dont la sculpture dans la falaise n’est pas facilement reconnaissable... L’eau turquoise du Verdon nous enchante. Depuis le parking du Point Sublime, qui porte vraiment bien son nom, à tel point que ça se passe de commentaire..., nous empruntons le « sentier Blanc-Martel » (non non, on ne le lui a pas emprunté, on a juste marché dessus) en suivant les bords du Verdon jusqu’au tunnel du Baou, long de 700 mètres. Environ 400 mètres après son entrée, une fenêtre découpée dans la roche permet d'accéder à la Baume aux Pigeons, la plus grande cavité creusée par le Verdon (60 x 80 m).
Arrivés au bas des échelles, il faut traverser la rivière. Bien sûr, tout le monde n’a pas ses bottes mais Olivier et Charles avaient eu la bonne idée de les prendre. Sauvés! Nous traversons donc le Verdon en nous repassant les bottes qui ne serviront finalement pas à grand chose puisque nous prendrons tous l’eau jusqu’aux cuisses, sauf un, devinez. Quand nous atteignons la baume aux pigeons, nous constatons qu’il n’y a curieusement pas de pigeon !
Mais c’est ici que se trouve ce fameux porche duquel s’écoule de l’eau depuis la crue de l’été dernier. Problème, il faut retraverser le torrent, plus rapide et plus profond à cet endroit. Olivier et Charles s’y élancent seuls car personne d’autre n’a vraiment envie de faire trempette. Ils arrivent à atteindre l’autre côté et utilisent la technique du mât, à l’aide d’un tronc d’arbre trouvé sur la rive, pour franchir la partie basse de la paroi. Pendant ce temps, nous grelottons en les regardant escalader, nous au sec, eux trempés… avant que Dominique n’ait la bonne idée de faire un feu. Eh oui, le feu ça réchauffe !
Olivier et Charles réussissent à atteindre le porche et y trouvent un amarrage. Mince !!! Ce ne sera pas de la première. Ils vont quand même l’explorer. Charles se porte « volontaire » et rampe sur une dizaine de mètres jusqu’à rencontrer une étroiture infranchissable.
Nous repartons vers 20 heures en traversant cette fois-ci le Verdon sur une tyrolienne et finissons la journée au chalet, bien au chaud. Le repas du soir est préparé par Dominique et Charles. Il en sera ainsi tout au long de la semaine, pendant que la famille Kern se débattra, soir après soir, à faire du feu dans le cabanon…Ils ont de drôles de poêles à bois dans le pays. Même le bois est bizarre !
Mardi 19:
Petit déjeuner sur la terrasse du cabanon, le ciel est bleu, le vent toujours frais et le Nutella tellement difficile à tartiner que nous le découpons en carrés de chocolat. Euh, pardon, des carrés de Nutella ! Vers 10heures, départ pour La Palud sur Verdon où nous rejoint Alain, une connaissance d’Olivier. Il sera notre guide du jour. Nous prenons la petite route qui mène au parking du Point Sublime. Nous stationnons en amont, à l’entrée du chemin qui mène au pont de Tusset. Nous déjeunons au pied de ce superbe pont romain, reconstruit à l’identique après avoir résisté plus de 2000 ans aux eaux vives du Verdon.
Revigorés (Martin a particulièrement apprécié la salade de pâtes au thon), nous traversons le Verdon et suivons, rive gauche, le GR 49 qui s'élève régulièrement dans la forêt en direction du sud. L’ascension nous conduit jusqu’au plateau de l’Irouelle où nous apercevons loin devant nous un joli porche dessiné à mi-hauteur dans une énorme muraille. Nous grimpons encore une faille escarpée, parfois dangereuse, pour atteindre notre cible du jour. Dans le porche, nous découvrons au sol un effondrement d’environ 10 mètres de diamètre et 10 mètres de profondeur. En hauteur, apparait une profonde ouverture dans le plafond. Une longue liane tombe fièrement au milieu du gouffre. Assurés par Charles, Olivier escalade la paroi pour rejoindre le trou dans le plafond où il découvre une petite grotte qui ne mènera pas bien loin.
Après cette tentative, Alain et Martin explorent l’effondrement qui se poursuit encore une bonne dizaine de mètres avant de déboucher sur un mur de pierres qui ferme la cavité. Celle-ci avait sans doute servi de refuge à un berger. Comme de coutume, un agréable feu de camp nous réunit avant de plier bagages.
Tout au long de la sortie, les violons (de la sonnerie du téléphone de Charles) bercent nos oreilles d’une langueur pas du tout monotone…
Au retour, nous faisons un crochet jusqu'à l’impressionnant belvédère naturel de Rancoumas. La transition est brutale entre la terre ferme et le vide des falaises. Sur le précipice, on distingue avec une certaine inquiétude la rivière plus de 400m plus bas. Le paysage est totalement dégagé et nous permet de contempler au loin le village de Rougon, le belvédère de la Carelle sur la route des crêtes et quelques vautours planant au dessus des falaises du versant opposé.
Après en avoir eu plein les yeux toute la journée, on est rentré tranquillement par le même itinéraire en 1 heure 30 environ de marche. Retour en voiture via La Palud, bonne douche, bon repas et bon repos.
Mercredi 20:
Nous commençons la journée avec le rituel du p’tit déj en terrasse chez les Kern, la préparation du pique-nique et le rassemblement sur le parking du Huit à huit à La Palud.
Direction le pont d’Artuby, qui prend son nom de la rivière qui se jette dans le Verdon. C'est également le plus haut pont d'Europe (187 m) permettant la pratique du saut à l'élastique.
Après un bon taboulé (dans le secteur Grand Vallon), nous descendons dans les broussailles d’un canyon sec pour arriver sur un enchaînement de descentes que nous effectuons en technique spéléo.
Arrivés sur une étroite plateforme en haut d’une falaise d’environ 50 mètres, nous cherchons à nous protéger du soleil en attendant que Charles équipe un passage pour atteindre un porche. Le travail accompli, Olivier et Martin le rejoignent. Le porche s’arrête au bout de quelques mètres à peine, mais l’idée de départ était seulement d’y transiter pour pouvoir descendre dans une faille. Arrivés en bas, ils remarquent que celle-ci s’élargit (haut de deux mètres, trois de long et dix de large). Cette dernière est recouverte d’une multitude de petits trous dans la paroi. Olivier y trouve deux longues branches de bois de cade qu’il va rapporter pour décorer un mur de sa maison. Une fois l’exploration terminée, Charles commence à remonter. Pendant ce temps, Martin aperçoit un trou dans lequel il voit bouger une toile d’araignée, comme si il y avait du courant d’air. Il s’en approche pour y passer la tête et découvre une salle qui s’ouvre vers le haut. Il essaye d’y passer mais l’ouverture est trop petite (il est petit, le petit, mais pas tant que ça). Mais comment agrandir ce trou?... La solution est vite trouve… Le marteau !!! Ok mais a-t-on la pochette d’équipement? …Oui !!! C’est donc parti, Olivier et Martin se relaient pour marteler. Jusqu’à 4 cm d’épaisseur ça va mais 8 cm, c’est franchement trop épais. Nous rappelons Charles qui redescend avec le perfo et du ravitaillement. (Ben oui, taper ça donne faim !) Une fois le trou élargi, Martin s’y faufile (en entier) et découvre une salle de 1m20 de hauteur, 4m de longueur et 2m de largeur. Elle n’a rien de particulier mais surprend par la blancheur des parois et le squatt tranquille de 2 chauves-souris.
Après le goûter, la petite équipe remonte rejoindre Alain avant de retourner aux voitures où l’attend depuis une petite heure déjà le trio d’échappés.
Le soir, à table, Martin raconte une histoire qui dure, dure tellement, qu’il en oublie la fin … (histoire demonhamster !)
Jeudi 21:
Journée spéléo et soirée « palette ».
Nous partons de bonne heure sur les routes et chemins qui montent en lacets dans la forêt domaniale des gorges du Verdon (une heure de tournis et de vertige). Nous disposons, via le garde-forestier de La Palud, d’une autorisation spéciale pour emprunter la piste forestière en voiture. Arrivés sur le plateau de Barbin, nous cherchons la doline de l’aven des Grands-ducs et sitôt trouvé (Olivier constate notre sens aigu de l’orientation), nous poursuivons encore le chemin forestier jusqu’au point de vue dominant le lac de Sainte-Croix et le plateau de Valensole (champs de lavande, d’oliviers (pas Courtois) et d’amandiers). Nous profitons de ce cadre exceptionnel pour sortir le panier repas.
Nous nous équipons et descendons ensuite comme prévu dans l’aven des Grands-ducs. Le groupe composé de Dominique, Charles et Martin descend au fond du gouffre, pas tout à fait, -141 au lieu de -149 pour cause de manque d’A. N. (Charles a déjà converti son torse pour en remplacer un). Pendant la remontée, lors de la pause chocolat, Martin prend froid. Recette préconisée par Charles : se réchauffer à l’huile de coude en remontant la corde mouillée. Ça marche ! reconnaît Martin, qu’à moitié convaincu... La sortie s’effectue vers 20h30.
Christine et Paul travaillent les techniques sur cordes avec Olivier. Ils enchaînent les premiers puits qui accèdent à une belle cavité concrétionnée (2 stalagmites blanches, hautes, fines et tortueuses attirent tout particulièrement les regards).
En attendant la sortie du groupe de tête, nous construisons un véritable four fermé en pierres pour empêcher tout risque d’incendie en raison des vents forts soufflant sur le plateau.
Vendredi 22:
Départ de La Palud, vue sur le très beau village de Trigance et collation sous l’œil de la gendarmerie qui surveille le parking du pont d’Artuby.
Nous suivons le chemin balisé que remontent les adeptes de l’élastique pour longer le lit de la rivière. Furtive rencontre avec un chamois au départ du sentier…
Nous nous retrouvons rapidement devant un bassin d’eau que nous décidons de traverser le long d’une tyrolienne. Pour équiper le passage, Olivier et Charles ont plongé, brrr… Pour les autres, ce sera les pieds au sec mais bigrement costaud pour les bras et les mains.
Nous visitons une suite de porches en remontant le nid de la rivière mais sans y trouver de galerie ou d’ouverture particulière pour y approfondir l’exploration.
Au fil du défilé de « Porsche », nous tombons ça et là sur des épaves de toutes sortes : moto, voiture, caddy, sommier, squelette d’animaux… Musée d’objets insolites, autre idée à creuser !
Samedi 23:
Il pleut, c’est le dernier jour sur place. Nous faisons un tour au café à La Palud et flânons dans les ruelles et les rares boutiques du village.
L’après-midi, nous partons à la recherche de fossiles, toujours sous la pluie. Tant mieux peut-être, car cela fait « sortir » les coquillages que nous ramassons en grand nombre et en grande variété dans un endroit tenu top secret par les 315 Paluards.
Nous nous retrouvons le soir au sec et au chaud pour un dernier apéro. Olivier nous indique le chemin pour le retour via la plus belle route départementale de France, tout en piste mais magnifique. Attention tout de même aux radars !
Nous résumons ensemble les activités réalisées pendant la semaine. Ces lignes en sont un aperçu.
Nous profitons de la plume pour remercier encore chaleureusement nos compagnons, Dominique, Olivier, Charles et Alain qui nous ont permis de voyager loin, au cœur du massif du Verdon et de la pratique de la spéléologie. Mille mercis aussi à Nicole d’avoir mis à notre disposition le cabanon, son refuge personnel, havre de vie au rythme de la nature et des anciens de la montagne.
Les pointes d’humour dans le texte ainsi que les explications techniques de nos sorties sont une production exclusive de Martin qui attend le prochain regroupement pour nous révéler l’abominable fin de l’histoire des moines, 6, 7 ou plus si on veut, successivement zigouillés, asphyxiés, révolvérisés… après avoir prié, mangé et s’être couchés.
Bonne lecture et bises à tous. Martin, Christine et Paul.