Première étape, la découverte :
Le ciel est chargé, gris uniforme, des trombes d’eau déferlent sur les champs et les forêts en ce mois de juin. Nous étions pourtant décidés à nous adonner aux joies du barbotage, mais aujourd’hui, impossible, les éléments naturels (de ceux qui font ces si beaux canyons), nous interdisent toutes incursions. Bien au chaud dans la voiture, nous prospectons, visitons les lieux, cherchons quelques cascades, et tombons rapidement sur une imposante chute qui nous laisse perplexes! Certes, il y a de l’eau, certes, certainement trop! Un petit détour par un mauvais chemin (vive la marche arrière), et nous trouvons le départ de ce ruisseau. Après quelques rapides, ce ru se faufile entre deux petites falaises, puis disparaît brutalement…
Il faudra donc revenir…
Deuxième étape, le test :
Cette fois nous sommes six! Trois fous iront dans l’eau, et trois paparazzi qui les surveilleront. Tout commence… dans la neige. Les couches se superposent, collant, vêtements thermiques, néoprènes, veste, gants, cagoule…, on eut dit trois pingouins dans la forêt. Il fait -3 degrés, tout est gelé. Pour le coup, y’a pas beaucoup d’eau, tout début janvier. Nous équipons quelques cascades, réalisant aussi quelques cascades personnelles, brisant parfois la glace qui s’est installée entre nous. Les plus lourds y laissent un peu d’énergie.
Quelques descentes plus en avant, et c’est le vide. Comme tout le monde a de très bonnes raisons de renoncer, nous arrêterons là ! Il fait froid, y’a trop de glace, on va se prendre des glaçons sur la tête, c’est trop haut, sont quelques unes des phrases entendues par là-haut. Juste le temps de jeter une pierre et de compter. Un, deux, trois, quatre, sept, et huit secondes qui gagnent…
Troisième étape, la dévotion :
Les effectifs ont réduit. Nous ne sommes que quatre aujourd’hui, dont un surveillant baignade. Son rôle est important. Tout d’abord, il nous suivra par la berge du canyon, pouvant nous en libérer si le besoin s’en faisait sentir. Ensuite, il nous donnera la grande corde (200 mètres, on n'est jamais trop prévoyant)! Ensuite, il viendra nous chercher à l’arrivée du canyon, tout en bas.
Nous avons cette fois-ci opté pour l’automne, ses couleurs, son odeur, son soleil, et surtout, son manque de neige ! Les cascades sont donc descendues au milieu des trombes d’eau, la tête disparaissant parfois sous cette grosse chevelure d’argent. Mais c’est plutôt sympa sous ce soleil.
Nous rajoutons un petit relais intermédiaire, puis arrivons au sommet du grand vide. Pas de doute, c’est toujours aussi haut!
C’est donc Charles qui s’y colle. Un premier relais est vite posé, et nous permet de nous approcher un peu plus du tombant. Cette main-courante se termine sur un deuxième relais, quelques dizaines de centimètres derrière le seuil. Le perfo tourne, le marteau frappe… Et c’est huit mètres plus bas que les sensations se décuplent. Un relais placé judicieusement, accentue encore l’effet de hauteur du site. C’est les fesses et les pieds dans le vide, que nous suivons le panache froid de la rivière. 75 mètres plus bas, le rocher bombe le torse, et il nous faudra jouer du perforateur pour nous dévier… Encore une bonne quarantaine de mètres et nous rejoignons de bien bon gré, le bassin qui termine cette descente. Le vent est insoutenable, il manque de peu de m’emporter alors que j’essaie de démêler cette corde trop longue.
Le regard se tourne maintes fois en arrière, contemplatif et pas peu fier d’avoir réussi à dépasser nos angoisses.
Mais devant, c’est pas tout a fait fini. Un relais est posé… mais c’est le dernier, nous manquons cruellement de matériel. C’est donc après une descente d’une cinquantaine de mètres, que nous quittons le lit du ruisseau, pour rejoindre Jean-Pierre, qui doit nous attendre à la voiture.
La quatrième étape me direz-vous ? Bientôt, bientôt, je vous promets !
Aspect technique :
Une corde de 35 mètres suffit pour franchir les premières verticales, 5 au totales, mais il est important de respecter un équipement débrayable avec la flotte qui coule abondamment. Pour le grand rappel, une corde de 15 à 20 mètres pour la main-courante est indispensable, la 35 pour la suite. Bien que deux cordes de 80 mètres suffiront pour descendre le grand jet, il vaudra mieux installer 2 cordes de 100 mètres, évitant de rappeler celles-ci du relais (bien plus facile du palier suivant). Deux cordes de 50 mètres seront les bienvenues pour la suite. Il vous appartiendra de jongler dans ces longueurs, si vous préférez opter pour la légèreté, au détriment du confort.
Il est bon de préciser que tous les relais sont pendus, il n’y a aucune margelle, et il n’est pas possible de se retrouver à plusieurs et de façon confortable, à l’un ou l’autre de ces points.
Bien qu’ayant un caractère plutôt vertical, cette descente, j’en suis sûr, vous laissera de doux souvenirs…
En attendant la suite de l’équipement, peut-être encore cette année, la descente se termine par deux cascades de 15 et 35 mètres, qui s’enchaînent avec le premier équipement, en attendant mieux !
Et on le trouve comment, ton canyon ?
Tu devras te rendre vers Meiringen, en Suisse. Ensuite, il faut chercher le village d’Unterheid, d’où l’on voit très bien la grande cascade. Tu te gares à proximité d’une ferme, pile en face de la cascade. Ensuite, il faut retourner vers Meiringen, et prendre à droite, à l’entrée du village de Balm bei Meiringen, une petite route qui longe une scierie pour rejoindre les quelques maisons se situant en haut des falaises (direction Bielen). Cette petite route est la seule, elle franchit un petit tunnel, puis après la traversée d’une forêt, débouche sur des pâturages. Gare-toi à l’entrée de cette zone, juste avant un petit pont sous lequel s’écoule la rivière (ferme à droite). Dépasse ensuite le pont et descends par la rive gauche pour arriver en 3 minutes sur un petit pont de bois enjambant une nouvelle fois la rivière. Tu y es!
Eh, bonne descente !