VAUVOUGIER 19/07/2020
Le compte rendu de la mauvaise foi, par Vincent
Des fois, mieux vaut pas chercher à comprendre. Comme par exemple, pourquoi est-ce qu’on a décidé de se faire Vauvougier ce dimanche 19 juillet, même après que Léo nous aient lâchement abandonné la veille à 22h30 ? Je ne sais toujours pas. Ce qui est sûr, c’est qu’on l’a fait !
Tout a commencé par une proposition de sortie sur WhatsApp. On monte une petite équipe de joyeux lurons plus que motivés (« On s’f’rait’y pas un p’tit Vauvoug’ des familles ? - Oh oui, Vauvougier <3 !») constituée de Laurent, Juan, Léo et moi. Bon, premier problème, ma voiture sera au garage à partir de samedi. Du coup, va falloir prendre le train. Joie. Juan propose de se rejoindre à Sélestat, sachant que je peux y être pour 7h10. Outch, le réveil va piquer ! Je transmets à Léo, qui a sensiblement la même réaction vis-à-vis du réveil. J’émets
aussi l’idée (plutôt conne en fait) d’équiper le puit d’entrée en double, parce que je pensais qu’on voudrait tous s’y coller, après tout c’est quand même l’obstacle le plus connu avec sa vire plein vide et son pendule ! Laurent trouve que c’est une bonne idée et prépare les cordes en fonction.
Bref, nous sommes samedi soir, à 22h30 environ, quand je reçois un message de Léo du type : « Yopidopidouuu ! En fait pour demain je dois refaire les rayures de mon zèbre / tondre la moquette du salon/ poncer puis peindre mes chocapics (rayer la/les mention(s) inutile(s)) ! » Ah. Bon bah là, j’ai plus trop envie, si on perd notre porteur de kit, ça promet d’être une sortie bien relou ! Je préviens Juan et Laurent, dont la motivation ne semble qu’augmenter « Oh ouiiii ! On va porter du kiiiiiit ! » et me fais une raison : demain, c’est Vauvougier.
Après une courte nuit de sommeil (3h) je rejoins mes comparses à la gare de Sélestat et nous partons joyeusement en route pour Malbrans. La majorité absolue (Laurent + Juan) décide que ce sera à moi de faire le CR. Bon, bah, voilà, vous l’aurez voulu !
La route se passe bien, et on ne se trompe même pas de chemin pour rejoindre le trou (cf. des précédentes péripéties avec le GSA en 2017). On va repérer l’entrée du gouffre, qui est toujours là (Merde !). On se change, on refait un point sur les kits « Du coup on équipe en double ? - Ah bah non, pauvre fou ! » et on va joyeusement s’enfoncer dans la doline pour commencer notre périple, chacun armé de sa paire de kits.
Mon objectif : équiper de l’entrée jusqu’au pied du P20. A 10h30, c’est donc moi qui me lance dans ce tas d’pus ! Finalement la vire s’équipe plutôt bien (sachant que c’est la première fois que j’en fais une plein vide) et j’ai l’impression d’arriver assez vite à la tête de puit. De là, premier frac’, puis ~15m plus bas deuxième frac’. J’ai pris un peu de temps pour chercher si c’était ici qu’il fallait partir en pendule avant de comprendre que j’étais encore loin des 10m du sol annoncés dans mes topos. Du coup, re-descente, et j’arrive au niveau du pendule pour chopper les broches. Je galère un peu à m’accrocher sur la paroi pour aller les
chopper, vu que ça GLISSE. Mais j’y arrive finalement. A partir de là, on remonte sur une petite vire bien MERDIQUE, parce que les points sont éloignés et que les micro-margelles sur lesquelles je pose les pieds GLISSENT. Aussi, à cause de cette histoire d’équipement en double, j’apprends que je n’ai pas une C90 mais une C80. Du coup, raboutage de corde (avec une C50) pour faire la dernière broche avant le relai de fin de main courante (soit les 10m de corde manquante). Je me débarasse également du premier kit (Ouf !).
Bon ensuite on entre dans ce qui est l’essence même de cet orifice : du MEANDRE. Comme toujours, on avance à vitesse réduite parce qu’on sait pas si faut passer en haut où en bas, et surtout que ces PUTAINS de KITS se coincent dès que possible ! Nous finissons par arriver au fameux P20 du pendule. Ouais alors le pendule, euh, bah d’la merde à côté de celui du P38.
Un peu d’élan, un crochet du pied sur la margelle et c’est mar ! De là, on repart dans du méandre, avec équipement des ressauts puis P12 ASCO. Au pied du puit, c’est Juan qui prend le relais dans l’équipement, et après un savant micmac de kits, je me retrouve avec juste la bouffe et de l’eau :D (escroc inside). Il se lance donc dans le R4, suivit du toboggan, puis re-méandre, puis méandre, puis méandre, puis pont de roche, puis méandre, puis méandre...puis ressaut, puis méandre, puis méandre....puis P11 sortie de méandre. Juan se lance, il traverse pour aller faire un frac, mais ne trouve pas la suite. C’est alors que Laurent
prend les devants et nous explique où aller : en fait, il ne faut pas descendre. Il passe devant Juan et, le temps d’un battement de cil s’élance dans la fameuse étroiture sans qu’on ne l’ai vu faire, ni même dans quelle position.
Petit apparté étroiture :
- Selon Spéléologie en Franche-Comté, SHAG 1990 « [...] une étroiture aisée à
franchir »
- Les Belles du Doubs CDS25 « « L’étroiture » qui est en fait un passage en trou de serrure sur quelques mètres se présente alors à vous. »
- Jean-Pierre Coffe « C’est de la MERDE. »
En gabarit, 1 Laurent = 0,5 Juan ou Vincent, nous sommes un peu plus réticents à nous engager derrière lui, surtout qu’il nous reste encore 4 kits pour aller taper le fond.
Après un petit train de passage de kits (où Juan essaiera de filouter mon kit d’escroc), nous voilà tous les trois engagés dans ce tas de pus étroit. Tas de pus étroit qui semble faire quelques KILOmètres tant l’inconfort et le manque de verticalité se fait ressentir. Après de longs efforts de contorsion, nous parvenons enfin au ressaut machpro. Laurent continue l’équipement, et après le P12 nous prenons pied dans un méandre « à taille humaine » sous-entendu, la progression peut se faire sur deux pieds sans plier l’échine. Nous parvenons ensuite au P14 du Guano, puis enfin au P40 final. Bon bah voilà, on y est, il est 15h50 et on a
tapé le fond de Vauvougier. Yahoo, youpi, joie. Après quelques victuailles - deux sandwichs chorizo pour ma part, une salade de pâtes pour Juan et une salade de riz pour Laurent – et un petit tour à la miction, il est temps pour nous d’entamer la remontée et le retour à l’air libre non poussiéreux !
Nous désignons d’un commun accord (entre Juan et moi) Laurent comme déséquippeur jusqu’après l’étroiture (punition pour avoir insister pour aller au fond), et j’entame la remontée du P40 en premier (pour fuir rapidement avec mon kit d’escroc !). Le retour jusqu’au ressaut machpro se fait plutôt bien, puis nous entrons dans la partie étroitomerdicoméandrotasdepustique. Bon, passons les détails ; les kits ça coince et ils auront eu droit à leur florilège de nom d’oiseaux, les méandres serrés c’est du CACA.
Enfin nous atteignons le saint-graal : la sortie de cette « étroiture aisée en trou de serrure de quelques mètres ». Cris de joie, petite pause, le plus chiant est passé. Le méandre retour se passe aussi assez bien, quelques doutes sur notre chemin mais pas de gros détours, nous finissons par retrouver le ressaut suivant le P12 ASCO.
Décision est prise que je déséquipe à partir de là jusqu’après le P20 du pendule, puisque Laurent vient de se taper tout le fond et que Juan se réserve pour le puit d’entrée. Ca signifie surtout que je me retrouve désormais avec 2 kits. Nous avançons à bon rythme, et je rejoins rapidement mes deux comparses au pied du relai. Je prends les devants, abandonnant cette fois définitivement mon kit d’escroc (sniiiiif!) pour remonter deux jolis kits pleins de cordes.
La vire du bas se passe bien, et pendant la première remontée, sentant une crampe arriver je décide d’enlever le haut de ma combi. La remontée se passe plutôt bien, et j’atteins enfin la vire du début. Autant l’aller était aisé, autant le retour est un peu plus galère. Peut-être ai-je trop tendu la vire, parce que les 3 dernières boucles sont à chercher à bout de bras. Et puis enfin... ENFIN SORTI DE CE TROU DE M*RDE !
LIIIIIBRE !
Laurent, armé de 3 kits cette fois, me rejoint une dizaine de minutes plus tard, et nous nous allongeons sous le porche, prêts à s’endormir. Juan prend son temps mais s’en sort brillamment ! A part un point ou deux un peu dur d’accès il déséquipe avec succès l’entrée du gouffre et sort du trou vers 21h15. TPST : 10h15-10h45
Nous ne tardons pas à retourner à la voiture pour prévenir par téléphone que nous sommes bien vivants et nous reprenons la direction Nord pour rentrer sur Strasbourg/Molsheim. (Bah oui, le train de 22h19 à Sélestat c’était peut-être compliqué de l’avoir :P ).
Remise de prix :
- Médaille de l’esprit d’équipe, décernée à Léo (<3), qui a brillé par son absence
- Médaille de la zone CEVESO, décernée à Juan, pour ses magnifiques dépression
gazeuses dans les étroitures
- Médaille de la tête en l’air, décernées à Laurent pour sa lampe de secours restée dans la voiture, sa tentative de descendre le ressaut machpro avec même pas 2mètres de cordes après la tête de puit et à Juan pour sa pédale perdue dans
l’étroiture mais retrouvée deux ressauts plus loin dans sa poche de combi
- Médaille de Newton, décernée à Laurent pour sa mise en pratique de l’effet de la force gravitationnelle sur une charge inerte (kit) dans le P14 du Guano ( ?)
- Médaille de l’auto-psychanalyse, décernée à moi pour mes monologues lorsque
j’équippe
- Médaille de la méditation interne, décernée à moi pour mon silence dans les
remontées sur cordes
- Médaille du chameau, décernée à Laurent pour les 3 kits remontés dans le puit
d’entrée
- Médaille de l’escroc, décernée à moi pour avoir réussi à trimballer un kit quasi vide
(bouffe + eau) du P12 ASCO (aller) au P12 ASCO (retour)
- Médaille de la veille technologique, décernée à Juan pour sa découverte de la
fonction retardateur sur son appareil photo de téléphone
- Médaille du mérite, décernée au trois bras cassés qui ont pensé que taper le fond du Vauvougier un dimanche était une bonne idée